Les Chrestians, légende ou réalité, humains ou extra-terrestres?

Extra terrestres venus d'une autre planète ou humains? Qui étaient les Chrestians décrits comme des  êtres bisexués, sans oreilles, avec un sang vert et chaud, chauves, sans oreilles, aux pieds et mains palmés?

Les Chrestians, légende ou réalité, humains ou extra-terrestres?

l'énigme des Chrestians

Au moyen-âge, en France, vers l'an 800  des histoires rapportent l'existence d'un peuple nommé « Chrestians » décrit comme des  personnages chauves, sans oreilles, aux pieds et mains palmés.

L'homme de l'époque médiévale acceptait sans trop se formaliser les incursions de l'irréel ou du fantastique dans le réel d'ailleurs, la frontière était floue entre l'imaginaire et le vécu et les phénomènes étranges pouvaient communément être acceptés comme des signes d'une autre réalité.

L'Église elle-même saisissait les esprits en évoquant la présence immanente du mal et en décrivant les forces obscures de démons immatériels. La mort faisait partie du quotidien et chacun ne savait continuellement menacé.

Seul cet aspect de la pensée médiévale peut expliquer que, en l'an 800, sous le règne des Carolingiens, les habitants de la vieille ville de Lyon n'aient pas été choqués de l'apparition de surprenants objets descendant du ciel.

Extra terrestres venus d'une autre planète ou êtres humains?

Dans les Chroniques, un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale signé de l'archevêque de Lyon Agobard (779-840), on trouve la description de scènes dignes d'un véritable scénario de -fiction contemporain : Agobard raconte comment sa cité fut soudainement envahie en l'an 800 par « des créatures voguant sur des navires aériens ».

La population pensa immédiatement qu'il s'agissait là des «tempestaires», une armée envoyée par leur voisin Grimoald du pays de Magonie, afin d'abîmer les récoltes par les bruits et les vibrations extraordinaires de ses vaisseaux. C'est donc en toute bonne foi que les Lyonnais firent subir les pires supplices aux «aériens» qu'ils interceptèrent à la descente de leurs engins.

Après quoi, ils les clouèrent, vivants ou morts, sur des planches assemblées en forme de croix et les jetèrent dans le Rhône et la Saône. Le but de ces étranges sacrifices était d'en faire des exemples pour qu'ils soient vus de leurs coreligionnaires restés dans les airs et que ce châtiment collectif soit suffisamment dissuasif. Ce fut bien le cas, car, au bout de quelques jours de massacre d'un grand nombre de ces étranges conducteurs d'aéronefs, l'invasion cessa.

Comme le mentionne Agobard : « ces gens ne comprenaient absolument rien à notre langage. Lorsqu'on leur demandait, sous la torture ou les coups, s'ils étaient sorciers, ils acquiesçaient d'un hochement de tête quel que soit le ton avec lequel on leur parlait. Par une fatalité inconcevable, ces malheureux poussaient la folie jusqu'à convenir qu'ils étaient sorciers« .

Dubitatif car il sentait que cette incompréhension de tout langage et cette différence de caractéristiques physiques cachaient quelque chose de plus irrationnel qu'une simple attaque de voisins gourmands aux visées expansionnistes, l'archevêque usa de influence pour faire libérer «deux hommes et une femme», capturés à la sortie de leur astronef.

Pendant ce , Charlemagne émit des édits interdisant de troubler les airs et d'engendrer des tempêtes «par des moyens magiques» ! Ces tempêtes n'étant perçues que comme des troubles atmosphériques systématiquement engendrés par la mouvance des fameuses machines volantes à leur approche du sol.

témoin de la chose

On pourrait voir dans ces descriptions le fruit d'un ramassis de légendes et de fausses informations colportées par la rumeur si, au XVIè siècle, Ambroise Paré (1509-1590), le père de la chirurgie moderne, affecté au service du roi Henri II, ne s'était scientifiquement penché sur cette étrange race, maudite depuis déjà trois siècles.

À l'époque, les Chrestians, qui vivaient toujours en groupes isolés, n'avaient perdu aucune de leurs caractéristiques physiques et physiologiques consignées sous les Carolingiens. Ambroise Paré passa donc plusieurs semaines à en étudier quelques spécimens. S'efforçant de ne pas se laisser influencer par les rumeurs, il s'attacha à accumuler de véritables constatations médicales et à les consigner soigneusement par écrit.

Il rapporte notamment la capacité prodigieuse d'un Chrestian à pratiquer la «momification par magnétisme». Cet exercice, rapporté ici dans le vieux français d'origine, est supposé révéler la puissance du magnétisme personnel :

«L'un d'icieux tenant en sa main une pomme fraîche, icelle après apparaisoit aussi aride et ridée que si elle eut resté l'espace de huit jours au soleil».

Ambroise Paré explique cette réaction par la anormalement élevée dégagée par le corps d'un Chrestian. D'ailleurs, on a dit que lors d'une saignée, il sortait de ses veines un liquide presque bouillonnant et d'une teinte entre le bleu et le vert!

Ces caractéristiques firent qu'un arsenal juridique spécifique fut mis sur pied afin de les mettre au ban de la société et d'éviter qu'ils ne risquent de se mêler aux humains. Vivant en groupes dans les faubourgs des cités, ils avaient leurs propres cimetières où ils étaient systématiquement inhumés sans prêtre ni office religieux.

Ils ne pouvaient exercer qu'un seul métier, celui de tonnelier car au Moyen Age le bois était réputé ne pas véhiculer les maladies. Ces êtres étranges ne vivaient cependant pas dans la misère car ils avaient un grand sens des affaires.

D'anciennes archives notariales nous ont laissé des inventaires de biens établis après le décès de Chrestians. On peut y découvrir la description d'un niveau de vie très évolué. Ces textes montrent, en outre, que ces hôtes étranges possédaient une capacité juridique relativement évoluée pour l'époque. C'est probablement pour éviter le développement d'une économie parallèle indépendante qu'un arsenal juridique draconien fut alors mis en place.

Ainsi, bien qu'interdits de cité, les Chrestians pouvaient posséder des maisons intra muros à condition de ne pas les habiter eux-mêmes. Ceux qui étaient tentés de louer leurs propriétés à un humain devaient obligatoirement passer par l'intermédiaire d'un gérant non Chrestian. Bref, un racket bien organisé a rapidement rendu tout à fait tolérable la présence de cette population marginalisée.

Chrestians ou Cagots ?

Depuis le moyen âge, on désigne sous le nom de cagots toute une classe de malheureux, véritables parias, répandus naguère encore sur le versant septentrional de la chaîne des Pyrénées. Objets de l'aversion générale, les cagots passaient pour malsains : ils avaient, disait-on, l'haleine fétide, et de leur corps s'échappait une odeur repoussante, surtout quand le vent du midi soufflait, leurs oreilles étaient arrondies, sans lobe, et l'on pouvait voir sur leur langue de petits grains semblables à ceux qu'on trouve sur la des porcs ladres.

Le terme de Chrestian dérive du mot « croix ». Ce pourrait être une allusion directe aux planches sur lesquelles on les cloua au IXè siècle pour les montrer en exemple aux autres pilotes d'astronefs. Quand au terme de «cagot», on en trouve une trace dans les textes de l'écrivain français Antoine Furetière (1619-1688), pour l'anecdote, on notera que ce grammairien fut chassé de l'Académie française pour avoir voulu ajouter au dictionnaire les vocabulaires technique et pratique.

C'est donc dans son propre Essai d'un dictionnaire universel (paru à titre posthume en 1690) que Furetière donne la définition suivante du Cagot : «Personne qu'on croit descendue des Wisigoths, qui sont tenus pour ladres, à laquelle est interdite par la coutume la conversation avec le reste du peuple et qui loge dans de petites maisons écartées ».
Bien que sommaire, cette définition a le mérite d'être claire, ceux que l'on a aussi appelés Gézitains, Gahets ou Agots seront toujours méprisés…
Il leur était interdit de se marier, et plus encore de s'accoupler avec des humains. D'ailleurs, l'idée faisait sourire à l'époque car on semblait ne rien connaître de leur mode de reproduction. La rumeur populaire les disait bisexués au point que jamais on ne parlait d'eux en utilisant un genre !

C'est lors d'un procès que la discrimination état encore plus forte : il fallait les serments ou les témoignages de sept Chrestians pour pouvoir rivaliser avec celui d'un humain !

Les choses continuèrent ainsi pendant tout le Moyen-Age mais, peu à peu, les Chrestians se sont fondus dans la population et, c'est peut-être la signe de leur intégration, au XVIIIè siècle, seul le folklore parle d'êtres aux caractéristiques aussi étranges. L'histoire devait accélérer la disparition du peuple banni.

En effet, la Révolution de 1789 donna naissance aux «Droits de l'Homme». les Chrestians devaient immanquablement en profiter. Néanmoins, compte tenu de l'étrangeté de leurs caractéristiques, une vaste étude médicale fut organisée afin de savoir si, oui ou non, ils pouvaient être considérés comme des hommes jouissant de la plénitude de ces droits nouvellement acquis. Les conclusions de l'examen révélèrent que les spécimens examinés n'étaient affectés qu'approximativement des symptômes décrits par Ambroise Paré et les chroniqueurs du Moyen-Age. Dès lors, les Chrestians purent se fondre et se couler dans l'anonymat de la ville, achever la totale dilution de leurs caractéristiques et occuper jusqu'aux plus hautes fonctions au sein de l'Etat sans que leur origine puisse leur être rappelée.

Rares sont les scientifiques modernes qui se penchèrent sur ce historique. Les thèses ou écrits rédigés sur les Chrestians se comptent sur les doigts d'une main. À la faculté d'histoire, on consacre aujourd'hui un cours à l'énigme des Chrestians mais leur origine reste toujours inexpliquée.

Certains auteurs du XIXè siècle ont avancé l'hypothèse que ces étranges individus auraient pu être des lépreux. Pour séduisante qu'elle soit, cette thèse ne tient pas car la façon dont ils étaient traités ne ressemble pas au traitement particulier et aux signes distinctifs imposés aux lépreux au Moyen-Age. En outre, des cimetières de Chrestians des XIIè et XIIIè siècles, récemment fouillés, laissent entrevoir des squelettes parfaitement sains, dépourvus des terribles lésions osseuses que l'on peut observer sur les restes des lépreux.

D'autres chercheurs avancèrent l'hypothèse selon laquelle les Chrestians seraient les descendants de Sarrasins restés sous nos climats après les invasions. Or les chroniques du Moyen-Age assurent que les rares Chrestians non chauves portant les cheveux longs les avaient invariablement «blonds comme les blés au soleil ». on a aussi parlé d'éventuels descendants de Vikings mais ces derniers étaient déjà, depuis longtemps, intégrés à la société européenne.

Le milieu purement scientifique, en dehors d'Ambroise Paré, ne s'est jamais préoccupé de savoir qui étaient vraiment les Chrestians, se contentant d'affirmer péremptoirement que « des êtres bisexués, sans oreilles, aux doigts palmés, avec un sang vert et chaud n'existaient pas ».

 

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