Les pierres du fond de l’eau
Les sables, les limons, les graviers, les cailloux rassemblés au fond de l’eau, forment des pâtes qui durcissent par la suite des temps, surtout quand elles restent constamment à sec après que l’eau s’est retirée.
Ces pâtes de pierre s’appellent des agglomérats ou conglomérats (conglomeratus, en latin : masse réunie en pelote).
Ces agglomérats se distinguent des agrégats, ou substances d’agrégation, dont les particules homogènes sont réunies en vertu de la force de cohésion, comme dans la craie, entre autres.
Si ces conglomérats sont composés de pierres angulaires, on les appelle des brèches (du mot allemand brechen, rompre), parmi lesquelles la plus remarquable est la brèche universelle d’égypte qui renferme des fragments de granit, de porphyre, de pétrosilex, etc., etc.
Ces pierres, d’une grande dureté, sont incrustées dans une pâte également très dure. Elles sont une des matières les plus riches en couleurs et les plus belles du règne minéral. La variété verte était recherchée par les anciens, un schiste argileux lui donnait une nuance des plus agréables. Les carrières d’où on la tirait avaient été perdues pendant des siècles, elles ont été retrouvées par les savants de l’expédition de Bonaparte en Egypte, sur le chemin qui conduit du Nil à la mer Rouge. Ces brèches sont assez répandues aujourd’hui dans d’autres pays.
La fausse brèche est du marbre veiné d’un très bel aspect.
Les conglomérats à parties arrondies sont les molasses qui se composent de galets de quartz, de paillettes de mica, d’argile, de débris de coquilles réunis par un ciment calcaire. On les trouve dans les vallées et sur les bords des torrents.
Généralement on préfère donner à ces pierres agglutinées le nom de poudingues, en anglais pudding-stone, qui rappelle le mets national un mélange hétéroclite de raisins, de graisse, de pain et d’eau-de-vie.
Les blocs erratiques
Les blocs erratiques sont des pierres qui ont bougé.
Dans les plaines, comme au sommet des monticules, se trouvent souvent des blocs de pierre isolés n’ayant aucune ressemblance avec les rochers sur lesquels ils gisent, ni avec ceux qui sont à leur proximité.
On les voit groupés sur le sol ou enfouis dans les sables. Ils sont venus de très loin et avant de se mettre en place ils ont dû errer; de là leur nom de blocs erratiques. Ils ont probablement été détachés des montagnes d’autres contrées, et transportés à de grandes distances lors des cataclysmes antédiluviens.
On admet que l’eau a roulé ces blocs, comme cela se voit journellement; mais on ne croit pas qu’elle les ait fait remonter sur des collines qui atteignent quelquefois cinq cents mètres de hauteur. Pour expliquer ce phénomène, on fait intervenir l’action des glaciers, et voici de quelle façon.
Les glaces accumulées au sommet de ces montagnes ont exercé une pression sur celles des régions inférieures, qui ont glissé, ont arraché sur leur passage des blocs de pierre, et les ont entraînés. Toujours pressés par les poids supérieurs, ces bancs de glace ont parcouru les vallées et sont remontés sur les collines. Ce mouvement s’est opéré à l’époque glaciaire par laquelle notre système planétaire a passé dans des temps inconnus, quand les éléphants des régions arctiques furent saisis par les froids intenses et conservés dans leur état primitif pendant une série incalculable de siècles.
Ce phénomène de l’élévation naturelle des corps à de certaines hauteurs peut se vérifier journellement lors de la marche des laves qui emportent souvent de grands arbres. On l’observe aussi lors de la formation des glaçons au fond des rivières.
Dès qu’ils s’arrachent de leur lit et surnagent, on y voit attachés des graviers, des cailloux qui sont alors charriés au loin, tant que la surface du cours d’eau, par suite de son mouvement, ne gèle pas. C’est ainsi que des bornes de délimitation ont été enlevées des prairies et des champs inondés, et plantées sur les propriétés voisines.
Il en est de même des banquises qui ont transporté des blocs erratiques depuis les mers polaires jusque sur les continents.
Le capitaine Ross, célèbre navigateur anglais, a vu dans la mer du Sud un glaçon portant un bloc de granit; ce rocher avait été pris dans les glaces, et, par une action d’équilibre, s’était retourné,.