L’intaille, la gravure sur diamant

La gravure sur diamants, intaille, ne remonte pas au delà de 1500, époque à laquelle Ambrogio Caradossi grava un diamant qu'il offrit au pape Jules II.

L’intaille, la gravure sur diamant

Les intailles sur les pierres précieuses

Les Anciens, qui savaient à peine user le diamant en vue de lui donner une forme convenable, n’ont pas connu non plus l’art de le graver. La gravure sur diamants (intailles) ne remonte pas, en effet, au delà de 1500. C’est à cette époque qu’Ambrogio Caradossi grava un diamant qu’il offrit au pape Jules II.

Vers le milieu du xive siècle, Clemente Birago, qui vivait à la cour de Philippe II, roi d’Espagne, grava sur un diamant le portrait de l’infant don Carlos, cette intaille fut donnée en présent de fiançailles à Anne, fille de l’empereur Maximilien II. Birago grava également un diamant destiné à former un sceau aux armes d’Espagne pour Charles-Quint.

Giovanni Costanzi et son fils Carlo Costanzi, qui travaillaient à Rome au XVIIIe siècle, gravèrent sur diamant quelques figures, on cite notamment la tête de Posidonius le philosophe qui fait partie de la collection de l’Etat portugais. Natter, à la même époque, fit quelques essais, mais dut les abandonner, peu satisfait des premiers résultats.

La collection Hope contenait deux diamants gravés : l’un constitué par une large table portant le buste de l’empereur Léopold Ier bien exécuté et avec le creux de l’intaille parfaitement poli, l’autre représentant la tête d’un philosophe.

La collection royale d’Angleterre renferme une intaille qui n’est autre que le sceau de Charles II lorsqu’il était prince de Galles.

Aux expositions de 1867 et 1878, on a vu également quelques diamants gravés, notamment dans la section italienne. Deux diamants célèbres, le Jehan-Gbir- Shah et l’Akbar-Shah, ont aussi été gravés. Ce dernier, qui tire son nom de l’empereur mogol Akbar, son premier possesseur, fut gravé en caractères arabes sur les deux côtés. En i866, il a été retaillé en goutte d’eau, ce qui, naturellement, a fait disparaître les inscriptions.

M. Boucheron a enfin cité un magnifique diamant indien de 30 carats dont sept faces avaient été polies et la huitième gravée en creux,  la gravure représentait, en caractères orientaux, une sentence religieuse. Cette pierre a malheureusement été retaillée depuis.

Les diamants gravés constituent plutôt des joyaux étranges et curieux d’effet que des bijoux réellement beaux  et il ne faut voir dans cet art que le mérite de la difficulté vaincue.

Au point de vue esthétique, le moindre brillant qui renvoie dans toutes les directions les mille feux du prisme a infiniment plus de valeur. Cependant la gravure permet d’utiliser des pierres transparentes, trop minces pour être taillées à facettes ou possédant des défauts apparents.

L’artiste s’arrange alors pour utiliser précisément ces défauts à l’objet qu’il se propose  de là le caprice qui semble résider dans le choix des modèles adoptés pour les diamants gravés.

Dans ces dernières années, on a ainsi fabriqué des épingles de cravate, des broches avec diamants gravés d’une façon bizarre, lame en diamant, table sur laquelle est gravée une pensée, mouche dont les ailes en diamant étalent des nervures finement gravées et repercées, etc.

Les résultats obtenus sont de véritables tours de force et les pierres ainsi transformées des curiosités.

Par ses qualités optiques, le diamant est fait, non pour être gravé ou percé, mais pour être taillé de manière à acquérir le maximum d’éclat. A là gravure sur diamant se rattache l’art de tailler dans cette gemme des objets aux contours irréguliers, telle qu’une bague. Cet art n’a été vraisemblablement pratiqué jusqu’ici qu’exceptionnellement, tant il entraîne de difficultés.

Le plus beau spécimen de bague entièrement en diamant est dû à un lapidaire d’Anvers, H. Antoine, qui a pu en obtenir une d’un diamètre extérieur de 17 millimètres dans un cristal de diamant. Elle est polie à la perfection aussi bien intérieurement qu’extérieurement.